Maltraitance conjugale en RDC et dans le monde : des conséquences à l’influence sur les enfants  (Article scientifique de Me. Mira NSIMBA LUTETE)

Des études menées sur terrain nous font savoir que la maltraitance conjugale s’exerce sous plusieurs formes. La forme la plus fréquente rencontrée dans notre société d’aujourd’hui, se présente sous forme verbale. Elle touche directement à la dimension psychologique de sa victime et affecte l’épanouissement conjugal dans les foyers ; avec à la base, souvent un problème de couple plutôt que de la société. Cette forme verbale de maltraitance conjugale qui tient le cœur de notre article, affecte directement sa cible (homme ou femme dans le foyers) aux niveaux mental, spirituel, moral et psychique avant d’arriver à l’intégrité physique de sa proie.

En effet, l’on a commencé à parler de la violence conjugale sur la place publique dans les années 1970. Et, nous pouvons comprendre par « maltraitance conjugale », un rapport de force où un homme ou une femme dans le foyer, exerce des pressions verbales ou physiques sur sa/son partenaire dans le but de la/le contrôler totalement.

Fréquemment, l’objectif recherché ici est la domination de l’autre, ce qui se distingue des disputes conjugales normales qui peuvent surgir dans un couple.

Mais que savons-nous au juste de la maltraitance conjugale, ce qui peut appeler à la violence conjugale où domestique ?
Elle est à considérer comme un crime. Elle se produit toujours au sein d’un foyer ou d’une relation intime mettant ensemble un homme et une femme jusqu’à la preuve du contraire, malgré l’évolution selon les uns et le recul selon les autres, de la société occidentale où l’on assiste à l’ère actuelle à l’union entre deux personnes de même sexe.

Au premier cas d’un foyer normal, c’est-à-dire, liant un homme à une femme ou vice-versa, les enfants issus de cette union sont exposés directement ou indirectement à des scènes de violence répétée, les uns dès la période prénatale malheureusement, quand la grossesse trouve cette ambiance de violence ou quand elle débute lors de la grossesse. Ainsi, le fœtus qui se développe dans ce contexte frustration est affecté en subissant les effets de la torture psychologique exercés sur la mère.

Dans le cadre de notre étude, nous avons fait face à certains cas où des enfants déjà en âge, ne supportent pas de voir leurs parents se livrent aux scènes de violence ou l’un des parents soumettre l’autre à la maltraitance verbale, ce qui les rendent très tristes. Plusieurs essayant de départager leurs géniteurs, se sont vus eux-mêmes, parfois touchés par l’agressivité de manière accidentelle ou même volontaire dans la scène. Au-delà des coups physiques auxquels les enfants peuvent être exposés dans cette situation, ils peuvent aussi être les témoins auditifs des paroles blessantes ou autres gestes qui les affectent sur le plan physiologique jusqu’à créer un sérieux disfonctionnement au niveau émotionnelle d’autres enfants victimes de ces comportements des parents.

En effet, d’autres enfants font indirectement face aux violences conjugales ; pour les conjoints qui se donnent à cette pratique en cachette (chambre à coucher, en absence des enfants, quand ils dorment déjà,… ). Pour ce cas, les enfants peuvent subir les conséquences de la violence conjugale lorsque la victime de cette sauvagerie au foyer se met à la raconte ou n’arrive pas à cacher la douleur devant les enfants. Souvent, ce sont les femmes qui se plaignent de cette situation. Elles pleurent, elles montrent des signes de frustration face à leurs maris devant les enfants, certaines n’arrivent plus à tenir facilement un langage courtois à leurs époux jusqu’au point de menacer de quitter la maison,… et, les enfants intelligents arrivent à constater qu’il y a un ça ne va pas, avant de découvrir par le nœud de l’affaire.

Nos recherches par rapport à cette problématique sous d’autres cieux, nous indiquent qu’en Afrique, ce sont généralement les femmes qui sont victimes des maltraitances conjugales. Qu’elles soient sous formes verbales ou physiques, elles traduisent des rapports inégaux entre homme et femme, ce qui serait soutenu d’une part, du système social basé sur le patriarcat dans plusieurs communautés ou alors, un fondement sociétal mal interprété par beaucoup selon lequel, l’homme est le chef et la femme lui doit obéissance sans égard et d’autre part, par les poids des coutumes africaines quasi permanentes dans les traditions sur le continent. Les insultes, les chantages, les dénigrements, les menacés,… font partie des violences conjugales auxquels les femmes sont souvent exposées avant d’arriver aux coups volontaires.

Nous pouvons préciser que dans tous les types de relations de couple, la violence peut être psychique, sexuelle ou physique. Elle peut intervenir dans un couple officiellement marié ou non, partageant un domicile commun ou non, en phase de séparation ou après la séparation.

Il sied de souligner que cette situation fait l’object d’une multitude de travaux de recherche. Un rapport établi dans le
Domaine de violence est aujourd’hui admis dans les milieux scientifiques. De la somme de nos recherches sur cette question, aucun facteur n’explique à lui seul, les cause de la violence.

La violence conjugale n’est pas un phénomène isolé, elle touche un nombre important d’enfants en Afrique. Ici, 80 à 90 % des enfants vivant en contexte de violence conjugale sont exposés à ce fait, avec plus de 10% en RDC.

Même si la violence a toujours existé dans les relations des couples, l’on pourrait penser qu’avec la montée du féminisme, les choses évolueraient, surtout dans un monde où l’on prône l’égalité entre homme et femme mais malheureusement, ce phénomène décrié continue de déchiffrer la société et exposer les enfants à ses conséquences.

Notons que les facteurs de risque associés à l’apparition de la violence conjugale sont toujours la résultante d’une interaction de plusieurs causes qui s’influencent mutuellement.

EFFETS SUR LA SANTE DES VICTIMES…

Ces situations génèrent très souvent des stress et des tensions permanentes, imposant une adaptabilité de tous les instants de la part de la victime. En effet, les conséquences sur la santé sont importantes, selon l’Organisation Mondiale de la Sante (OMS). Et, la multiplication de la violence à l’encontre des femmes peut avoir des conséquences aussi mortelles, qu’il s’agisse d’homicide ou de suicide.

POUR QUELLES RAISONS, CERTAINES FEMMES NE RÉAGISSENT PAS AUX VIOLENCES CONJUGALES ?

Plusieurs facteurs empêchent les femmes de réagir aux violences qu’elles subissent de la part de leurs conjoints.
Parmi ces facteurs, il y a des facteurs affectifs et psychologiques.

Les facteurs d’ordre affectif et psychologique ont une influence sur le comportement de la femme et l’empêchent de réagir à la maltraitance dont elle est victime. Parmi ces facteurs, il faut citer l’amour et la peur de porter la culpabilité si l’affaire se faisait connaître du grand public ou au sein de la famille élargie, ayant le souci de protéger la relation conjugale et les enfants dans les foyers où il y a déjà des enfants.

Parlant de l’amour, que plusieurs femmes éprouvent pour leurs partenaires, elles s’abstiennent de tout acte de riposte afin de ne pas compromettre les relations qu’elles ont construites parfois aux prix de plusieurs sacrifices durant des années.

S’agissant de la culpabilité, la raison évoquée par les femmes rencontrées est qu’elles ne préfèrent pas réagir face aux maltraitances conjugales parce qu’elles veulent rester dans les foyers conjugaux, même s’il y a des difficultés.

En réalité, le mutisme des femmes dans ces conditions s’explique par la peur d’affronter la solution ou de quitter leurs maris. Les femmes se sentent un peu abandonnées à elles-mêmes dans plusieurs coutumes africaines où, la femme ne sait pas quitter le mariage pour revenir chez ses parents en dépit de ce qu’elle peut endurer comme problème. Elle est souvent appelée à supporter son mari et d’assumer ce choix de foyer qu’elle avait opéré.

Il est bien difficile dans une telle tradition pour les victimes d’évoquer les violences qu’elles subissent. D’ailleurs, plusieurs femmes vont jusqu’à penser que leurs destins sont liés à ces violences qu’elles subissent, ce qui est grave et qu’il faudrait vite décourager car plusieurs femmes sous les coups de leurs époux dans les foyers, sont décédées sous l’influence d’un tel raisonnement.

Une femme qui vit sous violences conjugales en répétition est exposées à plusieurs conséquences négatives. Nous allons nous apaiser sur le plan santé car, la santé n’a pas de prix, dit-on. La meilleure façon de dépister les violences conjugales est d’interroger systématiquement toutes les patientes sur leur vécu par rapport aux violences.

Les victimes peuvent faire établir un Certificat médical relatif au stress post-traumatique. Elles pourront le joindre à un dépôt de plainte.

Au terme de notre étude sur ce phénomène qui affecte plusieurs ménages, nous avons découvert et relevé plusieurs aspects des manifestations de la maltraitance conjugale qui sont à la fois, psychologique et physique.

Nous concluons en disant que les violences conjugales (maltraitances conjugales) sont nombreuses et invitent à une action commune et à la prise de conscience pour mettre fin à ce fléau qui n’épargne pas les enfants innocents dans notre société et dans le monde.

Nos plaidoyers dans ce sens, est d’appeler les Gouvernements du monde, celui de la RDC en particulier et autorités compétentes, à la vulgarisation des textes qui découragent les violences conjugales sous toutes ses formes et au Parlement de renforcer les mesures pouvant stopper ce phénomène. Du reste, que les juridictions compétentes traitent avec toute rigueur les dossiers relatifs aux violences conjugales pour décourager cette pratique dans notre société.

Me. MIRA NSIMBA LUTETE NZONGO,

  • Consultante en Investigation Indépendante ;
  • Chargée de la Coopération Extérieure du Mouvement féministe Biso Basi Telema ;
  • Experte en Genre et Protection

Tél : +243 853670300
Mail : miranlutete@gmail.com


Notice: Trying to access array offset on value of type bool in /home/laicdanslemonde/public_html/wp-includes/class-wp-list-util.php on line 169

Related Posts

31

Jan
Actualité

Affaire Samy Adubango : les vérités que vous devez absolument savoir ! (Tribune de Germain ABOKI)

Nous sommes dans la province de l’Ituri en République Démocratique du Congo. Les ituriens sont un peuple intelligent mais dont certaines brebis allures égarées pensent qu’en diabolisant les noms de leurs frères dans l’opinion, ils arriveront à se reconstruire sur la scène politique en Ituri et en RDC, c’est qui serait tout simplement un raisonnement rabougri au […]

23

Jan
Actualité

Ituri : l’UJIC invite la Cour Constitutionnelle à « invalider Monsieur Fidèle Vahumawa, inconnu des ituriens », proclamé élu dans le territoire d’Irumu « sous l’influence de son oncle au Bureau de la CENI » !

Pour l’Union des Jeunes Ituriens pour le Changement en Ituri (UJIC), il n’est pas question que la population de l’Ituri soit représentée par des candidats parachutés de nulle part. Dans un communiqué de presse parvenu à notre Rédaction ce lundi, l’UJIC table sur le cas de Monsieur Fidèle Vahumawa, « présenté comme neveu de Monsieur Paul Muhindo Vahumawa,[…]